
Au Tchad, une pratique préoccupante gagne du terrain, ces derniers temps dans le paysage religieux, au sein des leaders des églises dites « réveillées » et certaines de la dénomination pentecôtiste.. avec l’auto-attribution de titres académiques élevés tels que «Docteur », « Professeur », ou encore « Maître de conférences », en dehors de tout cursus universitaire reconnu.
Une tendance en vogue mais qui interroge sur l’éthique, l’intégrité et les dérives possibles dans la quête de légitimité spirituelle et sociale.


En effet,, ces distinctions ne sont souvent fondées que sur la participation à des séminaires, conférences ou colloques de courte durée, parfois d’à peine quelques jours ou semaines. Et pourtant, elles suffisent à certains leaders religieux pour s’afficher publiquement avec des grades universitaires censés refléter des années de formation académique, de recherches rigoureuses et de publications évaluées par des pairs.
Le plus troublant est la complicité, voire l’encouragement actif, de certains partenaires venus d’Afrique de l’Ouest et du Centre ( Nigeria, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Cameroun, Congo, RDC etc ), mais aussi d’Europe ou des États-Unis. Ces « amis » et « parrains » internationaux, parfois eux-mêmes investis de titres douteux, servent de caution morale et délivrent, au nom de « facultés théologiques » ou « universités bibliques » souvent non accréditées, des parchemins à forte valeur symbolique mais sans reconnaissance légale ni rigueur académique.
Il s’est ainsi constitué un véritable cercle transfrontalier d’auto-légitimation, où la valeur d’un diplôme ne repose plus sur le mérite mais sur l’appartenance à un réseau. Une sorte de distributeur automatique de titres, qui mine la crédibilité des vrais parcours académiques, désoriente les fidèles et décrédibilise même, à terme, le message spirituel qu’il prétend porter.
Si la formation théologique est essentielle, elle doit répondre à des standards clairs, structurés et respectueux des normes éducatives. La distinction entre connaissance spirituelle et reconnaissance académique est fondamentale pour garantir l’honnêteté intellectuelle, la transparence et la justice dans nos sociétés.
Il est urgent que les autorités éducatives et religieuses, les chercheurs, mais aussi les fidèles eux-mêmes, s’interrogent sur les dérives de ces pratiques et réclament davantage de rigueur dans l’usage des titres. Car dans ce domaine comme ailleurs, la vérité ne devrait jamais être sacrifiée sur l’autel du prestige.
JDK