
Chaque saison pluvieuse à N’Djamena ramène avec elle son lot d’angoisses, mais cette année encore, les inondations frappent plus durement les plus vulnérables. Aux marchés de Dembé, Adala, Atrone ou de Taradona situés dans le 7e arrondissement de la capitale tchadienne, les vendeuses peinent à maintenir leurs activités à flot, au sens propre comme au figuré.
Des étals noyés, des marchandises perdues, des clientes qui fuient les flaques boueuses et les rues impraticables, bref le décor est celui d’un marché transformé en bassin à ciel ouvert. Suite aux premières pluies le 1er Juin, les eaux stagnantes se sont imposées dans les allées des marchés rendant la vie impossible aux petites commerçantes qui dépendent de la vente au jour le jour pour nourrir leurs familles.
Mme Alheré, vendeuse de légumes depuis plus de dix ans, pointe du doigt son tas de tomates abîmées. « La pluie a tout gâté. Les clients ne viennent plus. Et quand ils viennent, ils négocient tout bas parce que les produits sont trempés. Mais nous, on n’a pas le choix, il faut vendre. »
À ses côtés, Mlle Zara, qui tient un petit étal de poissons fumés, raconte qu’elle doit désormais transporter ses produits sur la tête pour les poser sur des briques, évitant ainsi que l’eau ne les emporte. « Même les briques ne suffisent plus. Quand il pleut la nuit, on perd tout le matin. »
La situation est d’autant plus critique que ces vendeuses ne bénéficient d’aucune forme d’assurance ni d’accompagnement. « Aucune autorité n’est passée ici pour nous demander comment on s’en sort. C’est comme si nous étions invisibles », déplore Denemadji F, vendeuse de condiments.
Face à cette indifférence, les femmes s’organisent tant bien que mal. Certaines cotisent entre elles pour acheter des bâches ou du gravier, d’autres déplacent temporairement leurs étals vers les trottoirs, au risque d’être dégagées par les forces de l’ordre. Les solutions restent précaires et souvent inefficaces.