
C’est peut-être à ce niveau que l’on peut faire le bilan de l’an 1 du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, tant sur le plan politique, social qu’économique. Dans quelle mesure l’État du maréchal Kaka doit-il s’impliquer pour assurer une bonne gouvernance ? Pour ma part, je pense que :TOUT D’ABORD (imprimis).
L’État tchadien, s’il aspire à être un État de droit, doit prendre au sérieux la question des droits fondamentaux des citoyens en assurant à toutes les communautés puisque nous évoluons vers un communautarisme fondamental la paix sociale.
Cette paix ne peut être possible que lorsque les institutions de l’État, telles que la justice et l’armée, jouent véritablement et équitablement leur rôle : d’abord en veillant à l’application des lois, en préservant les libertés et en réglant les conflits qui naissent de manière permanente dans la société. Nous le savons depuis « Le Léviathan » de Thomas Hobbes que la véritable mission de l’État est d’assurer la paix en créant des cadres qui facilitent la pacification des relations humaines.
Pour que les communautés vivent ensemble et s’acceptent, Kant nous le rappelle dans « Projet de paix perpétuelle » : l’État doit garantir la stabilité et la coopération entre les communautés ethniques. Le rôle classique des trois pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif) est d’empêcher que les litiges ne dégénèrent en affrontements.
Malheureusement, en suivant les déclarations tous azimuts des membres du gouvernement et de certaines personnalités ces derniers jours, on constate que tous sabotent le rôle de médiateur que l’État devrait jouer sur l’ensemble du territoire national. Que nos Seigneurs de la guerre (et non Saigneurs) sachent que la naissance d’un État découle de l’évitement de l’anarchie. Mais que constate-t-on ? »ENSUITE (Deinde).
Les différentes sorties médiatiques de l’après-Mandakao révèlent au grand jour que l’État tchadien prend l’allure d’un État de nature, avec des hommes à la mentalité de cueillette, comme l’évoque le centrafricain Jean-Paul Ngoupandé dans son ouvrage « Racines historiques et culturelles de la crise africaine ».
Un tel État alimente au quotidien des mécanismes qui nuisent à l’autonomie des communautés en favorisant certaines parties, à travers une victimisation excessive. Le risque, c’est qu’en privilégiant certaines communautés, cela exacerbe davantage les tensions intercommunautaires. Pourtant, nous le savons tous depuis Karl Marx que l’histoire de toutes les communautés est faite de luttes de classes. Mais en instaurant des inégalités dans l’application de la justice (Qui heureusement garde encore silence), l’État ne fait qu’attiser la flamme.
En tant qu’observateur attentionné des questions de violences politiques et de conflits, je me fais le devoir de saluer ici, la communauté Peule (Fallata) qui a montré, ces derniers jours, sa pleine maturité à travers quelques sorties médiatiques dont celle du général de police Mahamat Abdelkeril Oumar, Directeur général adjoint de la police nationale qui, à travers un message à la communauté Fallata, demande à tous de faire confiance à la Justice.
Il faut aussi saluer la sortie de Mme Hindou Oumarou Ibrahim qui, à travers son organisation : l’Association des femmes peules et peuples autochtones du Tchad (AFPAT) déclare: « Je souhaite désormais que la justice soit rendue à ces victimes en appelant l’ensemble des communautés à rester pacifiques et à faire confiance à la justice de notre pays. J’attends du gouvernement qu’il agisse rapidement et que la main de la justice ne tremble pas ».
L’AFPAT souhaite désormais que la justice soit rendue à ces victimes et appelle les autorités à agir avec diligence pour identifier, arrêter, juger et condamner l’ensemble des responsables de ces crimes odieux. Elle appelle l’ensemble des communautés à rester pacifiques et à faire confiance à la justice de notre pays.En tant qu’observateur attentif des violences politiques et des conflits, je tiens à saluer la communauté peule (Fallata), qui a démontré, ces derniers jours, sa pleine maturité à travers quelques interventions médiatiques, notamment celle du général de police Mahamat Abdelkerim Oumar, dit Baba Ladé (DGA de la police nationale).
Dans son message adressé à la communauté Fallata, il a appelé chacun à faire confiance à la justice. Il convient également de saluer la déclaration de Mme Hindou Oumarou Ibrahim qui, par l’intermédiaire de son organisation, l’Association des femmes peules et peuples autochtones du Tchad (AFPAT), a déclaré : « Je souhaite désormais que justice soit rendue à ces victimes, en appelant l’ensemble des communautés à rester pacifiques et à faire confiance à la justice de notre pays. J’attends du gouvernement qu’il agisse rapidement et que la main de la justice ne tremble pas ». L’AFPAT, selon les termes de son communiqué, « insiste sur la nécessité de rendre justice aux victimes et exhorte les autorités à agir avec diligence pour identifier, arrêter, juger et condamner tous les responsables de ces crimes odieux.
L’association appelle également l’ensemble des communautés à maintenir la paix et à accorder leur confiance à la justice de notre pays ».C’est ici que se mesure la grandeur des femmes et des hommes de paix, ceux qui savent que les alternatives aux mécanismes étatiques, en pareilles circonstances, restent la Médiation, la Négociation et le Dialogue. L’État tchadien doit éviter de devenir un instrument entre les mains de personnalités qui gèrent les crises et les conflits selon leur humeur. La Bonne école nous a tous enseigné que la dialectique du conflit, selon Hegel et Karl Marx, vise une transformation sociale ; ce qui implique des revendications légitimes.
C’est le cas dans notre pays, le Tchad, où les conflits inter/intracommunautaires et les tensions entre agriculteurs et éleveurs sont liés à plusieurs préoccupations légitimes : l’accès aux ressources, la reconnaissance identitaire, les problèmes fonciers, etc. Retenons avec la Coordination des Actions Humanitaires (OCHA) que lorsqu’on parle des tensions communautaires au Tchad, il n’y a pas les provinces méridionales. La zone septentrionale enregistre, elle aussi, de nombreux incidents inter/intracommunautaires.
Plusieurs provinces du Tchad sont victimes des tensions communautaires.Le cas de Mandakao, dans le Logone orientalJe viens de lire à travers les médias que, l’Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT) a publié un premier rapport sur cette dernière escalade de conflit. Selon l’APLF « une décision arbitraire des autorités administratives a plongé le canton de Mandakao, sous-préfecture rurale de Béinamar, dans une spirale de violences sanglantes ayant coûté la vie à 42 personnes, blessé 6 autres et entraîné l’arrestation de 85 individus. L’étincelle est venue d’un litige foncier que le préfet de la Dodjé a choisi de trancher de manière unilatérale, provoquant ainsi la colère des populations locales ».
A priori, il se pose ici un problème de la gouvernance locale liée à la gestion des conflits fonciers et à la protection de la vie humaine. A mon avis, le pouvoir central doit exploiter ce Rapport (en plus d’autres à venir) pour faire des analyses non seulement juridiques mais aussi institutionnelles avant de tirer les conséquences de la situation. Le Médiateur national, Saleh Kebzabo doit sortir de son silence pour : 1) mettre en place un Comité de médiation ; 2) interpeller le Gouvernement sur la question de la Réforme foncière ; 3) encourager la Justice à travailler pour obtenir justice et réparation pour les familles des victimes.
Le drame de Mandakao doit nous ramener à l’esprit les défis auxquels le Tchad de demain sera confronté : en matière de la gouvernance locale et de la gestion des conflits inter/intracommunautaires.POUR FINIR (Ad extremum). Si tel est le cas, la priorité pour un État doit être de répondre aux causes profondes des conflits. Ignorer les dynamiques sociales, négliger les alertes des communautés et n’intervenir qu’après des massacres ne constitue pas une solution responsable.
Pour ma part, je pense que la répression des tensions intercommunautaires, sans mesures préventives et sans l’instauration d’un dialogue franc, n’est pas une approche sécuritaire efficace. Que ceux qui détiennent le pouvoir prennent le temps de lire « La crise de la culture » de Hannah Arendt (livre en vente à la Librairie La Source de N’Djaména) afin de comprendre que la suppression des conflits par une violence exacerbée de l’État ne saurait résoudre les problèmes. Évitons de faire du Tchad un État trop répressif.
Mettons à profit les conseils de Raymond Aron qui défend l’idée d’une régulation des conflits et non leur suppression. L’essence même de la Justice comme institution (à travers la gendarmerie et les Commissariats de proximité, etc.) vient de la régulation, du règlement à l’amiable des différends.Avec la gravité et le respect qu’impose ce drame, j’exprime ici mes sincères condoléances aux parents des victimes de Mandakao ainsi qu’à celles de tous les autres conflits intercommunautaires qui continuent d’endeuiller le Tchad. Que la justice et la paix prévalent enfin.
Déli Sainzoumi Nestor, auteur de : »La violence révolutionnaire dans la pensée marxiste et léniniste » (2007).